Comme vous le savez certainement, j’ai vécu plusieurs années enfermée dans un monde d’angoisses et de limites. Durant plus de 15 ans, j’ai subi des phobies très handicapantes et des attaques de panique sévères. J’étais dans la fuite totale et j’avais toujours sous la main une grosse artillerie pour contrer mes crises d’angoisse (pharmacie ambulante, coca et chewing-gum, sac en plastique etc.. ) j’étais experte de l’évitement, ma vie était rythmée par mon anxiété, je n’avais aucune liberté.
J’avais une telle peur de perdre le contrôle, de mourir, de tomber dans les pommes, de me sentir mal et donc d’attirer le regard et le jugement des autres que je préférais m’exposer le moins possible à ce qui stimulait mes angoisses en me coupant peu à peu du monde.
Une crise d’angoisse dure une vingtaine de minutes, en comptant la montée, le pic le plus difficile et la descente. Vous le savez c’est vraiment très dur à vivre, très handicapant en plus d’être effrayant alors on comprend aisément pourquoi la plupart des « angoissés » font tout ce qu’ils peuvent pour ne pas être en proie à cette tornade physique et émotionnelle. Tout est bon pour couper les symptômes émergents, ne plus ressentir la panique, le mal être, l’envie de vomir, le souffle court etc..
Penser à autre chose, s’activer en tout sens, parler, bouger, se droguer, manger, se disputer etc.. sont autant de façons de se détourner de ses angoisses mais le mécanisme s’il est parfois utile sur le moment n’est qu’une stratégie de fuite qui renforce à mesure qu’il est refoulé l’intensité de l’état anxieux. En situation de stress, il y a encore deux autres stratégies : la prostration et le combat.
Certaines personnes restent figées sur place, totalement otages de leur crise et font même des malaises, comme dépossédées de tout pouvoir, elle n’ont aucune prise. D’autres se lancent dans un vain combat contre elles mêmes et se violentent intérieurement en s’infligeant des pensées et des discours internes ultra négatifs et dévalorisants » Je suis bon à rien, pourquoi je ressens ca, je ne suis qu’une M…E, je ne vaux rien etc.. » et en arrive même à la violence physique dirigée contre leur personne..
Parce qu’on ne nous a pas appris à accueillir ce qui vit en nous, à accepter et prendre en compte notre monde intérieur ( nos émotions, pensées, sentiments, incompréhensions, rêves, envies, désirs..), nous déployons une somme considérable d’énergie pour rester en dehors de nous même. Se fuir soi même, se couper, s’abandonner voilà le mode actuel du commun des mortels aujourd’hui. Tout est d’ailleurs organisé en ce sens pour encourager la masse à fonctionner en automate asservi à cette société malade.
Alors oui c’est possible de passer sa vie drogué aux médicaments, à l’alcool et autres substances, oui il est possible de s’abrutir en continu grâce à tout ce qui est mis à notre disposition (alimentation toxique, modes de vie hyperactifs, télé, jeux, portable, internet, sport à outrance, lubies/obsessions/passions dévorantes qui n’ont d’autre but que de nous éviter de penser, remplissage intensif physique et mental, bruit continu ..) mais il est aussi possible de sortir de cette mascarade géante et de revenir à l’essentiel : SOI
La reconnexion à nous même passe par la conscientisation progressive de tout ce qui nous constitue; Ce n’est pas avoir une vue d’ensemble, floue et souvent très erronée de nous même comme nous avons souvent tous c’est véritablement apprendre à se connaitre dans toutes nos dimensions, se familiariser avec soi et surtout prendre place dans ce nouveau territoire. C’est sortir d’un moule formaté (familles, éducation, société, religions..) et réintégrer son être véritable qui a bien d’autres choses à faire ici que de passer son temps à lutter contre des crises d’angoisses symboles de son étouffement à vivre d’une façon qui ne lui convient pas, c’est un cri pour retrouver sa liberté.
Vous avez compris..
Ce que l’on réprime, s’imprime; Ce à quoi l’on résiste, persiste; Ce qui nous affecte, nous infecte; Ce que l’on fuit, nous poursuit ..
Témoignage
Le jour qui a finalement révolutionné ma vie était un jour comme les autres, j’avais lutté toute la journée pour gérer mon anxiété diffuse mais au retour chez moi, une grosse crise d’angoisse s’annonçait, j’étais tellement épuisée de lutter, tellement fatiguée et lasse que ce jour là, je me suis dit: « Et bien ok je m’en fiche, je laisse aller, je ne lutte plus et si je meurs tant pis, je n’en peux plus de tout ca! »
J’ai tout lâché, je n’ai rien contenu, rien retenu, j’ai laissé aller totalement mon cœur qui palpitait à sortir de ma poitrine, mes vertiges, mes nausées et contre toutes attentes, ce déchaînement qui durait habituellement de longues minutes et variait d’intensité s’est dissout en quelques secondes. Je n’en revenais pas et j’ai mis un bon moment avant de comprendre comment cette crise avait pu être aussi brève. J’ai réitéré l’expérience de tout lâcher, d’accepter, de laisser faire à l’occasion suivante et là encore même constat, la crise n’a duré que quelques secondes.
C’est finalement grâce à ce jour d’épuisement intense ou je n’avais plus d’énergie pour lutter que la clé s’est révélée.
Comme je vous l’expliquais dans cet article, c’est la lutte, le rejet , la violence que l’on oppose systématiquement à ce qui vit en nous qui augmente et donne toujours plus d’ampleur à nos symptômes. Et c’est l’accueil, l’acception, l’observation bienveillante de ce qui se présente qui permet de s’en libérer.
Ces symptômes sont des énergies bloquées reliées bien souvent à des blessures émotionnelles dont on a parfois perdu le souvenir, il s’agit d’une part de nous qui est blessée, qui a besoin d’être prise en compte, considérée, vue, et réparée.
Imaginez un enfant qui pleure, qui demande votre aide, votre assistance, si vous vous détournez de lui il va se mettre à hurler de plus ne plus fort, puis à suffoquer, il va peut être finir par s’endormir d’épuisement ou alors même mourir . Et bien c’est exactement ce qui se passe avec nous même, c’est comme ca que nous nous traitons lorsque nous mettons toutes nos forces à repousser et à nier nos souffrances.
Ce chemin d’acceptation et de connaissance de soi peut paraître effrayant mais il est selon moi l’unique but de l’être humain, découvrir qui il est, donner du sens à son histoire, se guérir et guérir les autres en même temps.
Alors en pratique comment faire ?
Lorsque vous sentirez vos angoisses arriver, ne lutter plus. Laissez vous submerger par vos sensations, vos émotions, votre mal être, faites un pas de côté et observez les phénomènes sans les juger. Le but ici est d’accueillir ce qui a besoin d’émerger. Respirez pour accompagner le processus et pas pour le stopper ou le contrôler.
Ca peut paraître infaisable au départ et c’est normal lorsqu’on est habitué à fuir alors commencez cet entraînement dans un contexte suffisamment confortable, c’est à vous de sentir le moment et l’endroit ou vous pourrez vous lancer.
Mettez vous dans la peau d’un observateur curieux qui fait une expérience, le but est de vous dissocier de vos symptômes, de comprendre que vous êtes plus larges que ce qui semble vous emporter et diriger votre vie . Vous n’êtes pas vos angoisses ni vos symptômes d’angoisse, vous êtes la conscience qui observe les mécanismes.
Laissez faire, laissez aller, ne retenez rien. A chaque moment vous pouvez faire cette expérience, à partir de tout ce qui vous traverse vous avez le choix de vous accrocher et d’amplifier ce que vous vivez ou de vous en défaire en acceptant que ces énergies coexistent en vous, avec vous et d’en comprendre le sens.
Vous pourrez constater qu’en quelques secondes, ces bouffées d’angoisses retombent naturellement. Peu à peu vous libérerez ce qui a besoin d’être libéré, ces masses d’énergies bloquées s’évacuent de votre corps et rétablissent un courant psychique et physique harmonieux.
Les pratiques psycho-corporelles harmonisent le corps et l’esprit et rendent autonome. Nous sommes composés de plusieurs sphères (le corps qui demande à déverrouiller ses armures, l’intellect qui demande à comprendre, l’émotionnel qui demande à ressentir et de tout cela découle notre niveau énergétique). Ces sphères influent en permanence les unes sur les autres comme les engrenages d’une montre, il convient donc d’appréhender le travail de guérison de façon holistique. L’apprentissage de la pleine conscience est une voie de libération de l’être phénoménale. Vous pouvez vous aussi accéder à un état de liberté et de sérénité intérieure et créer votre vie, ne restez plus prisonniers de vos carcans psychologiques.
*En thérapie vous êtes guidé(e) et accompagné(e) dans ce process, une véritable restructuration émotionnelle s’opère et les bienfaits se font sentir très rapidement.
Jessica Font – Thérapie psycho-corporelle et coaching global
consultations en cabinet ou à distance
Lire également:
agoraphobie, émétophobie, angoisses, mon témoignage en vidéo
La pratique de la pleine conscience